EPISODE 6 : Anitcha
Après les méditations, je marche systématiquement dans la forêt avec une joie indicible de retrouver mon corps mobile et indolore, de retrouver l’extérieur aussi, le support et l’inspiration de la nature, les arbres qui se dépouillent doucement de leurs belles couleurs d’automne. Leur arrivent ils de résister parfois ? Le feraient ils sans l’intervention musclée du vent ?
Marcher dans les feuilles, les entendre craquer sous mes pas, respirer un air frais vivifiant, observer les oiseaux… Tout cela me donne de la force.
Je suis heureuse d’avoir pu aller au-delà du mental, d’avoir conquis un espace qui me semblait hors de portée. Mais j’éprouve également une sensation moins agréable. La conscience bien présente de l’influence des mes croyances qui via les projections du mental entravent mes choix de vie. Cela m’attriste un peu de me sentir encore soumise à cela. C’est tellement puissant ! Je mesure la détermination qu’il m’a fallut engager, pour seulement rester une heure assise sans bouger.
J’avais conscience de cela sur le plan théorique, mais l’expérience vécue dans le corps a une tout autre portée. J’aurais pu renoncer à expérimenter la ferme détermination. J’ai bel et bien hésité. Et si tel avait été le cas, je serais encore entrain de croire qu’il m’était impossible de rester une heure immobile. En soi, concernant ce point, rien de grave mais… Si je l’étend à d’autres sphères ?
Je me questionne sur tout ce que j’ai sans doute renoncé à accomplir en acquiesçant aux projections de mon mental. Qui sait où j’en serais aujourd’hui, si chaque fois, j’avais essayé quand même ? Cette idée est vertigineuse.
Trois fois par jours, je poursuis cette pratique de ferme détermination. Avec un mélange d’appréhension et de curiosité, je m’assoies chaque fois avec la ferme détermination de ne pas bouger. J’ai toujours le doute d’y parvenir ? Était ce seulement la chance du débutant ? En aurais je encore le courage, la force ?
Je renouvelle l’expérience jour après jour, méditation après méditation. A l’euphorie de « réussir » succède la déception de trouver toujours cela difficile. Mon mental poursuit ses attaques « quel intérêt à te faire souffrir à ce point ? La détermination vacille, je la sens fragile, mais j’ai décidé de tenir bon. Je lui tient tête ! Jusqu’à quand ?
Mon mental concède comme intérêt à la pratique, que la vie est ainsi, elle nous demande de traverser des périodes où sans la ferme détermination de tenir, nous nous laisserions volontiers aller. Je me dis qu’il est donc nécessaire de renforcer en moi cette capacité. Et chaque fois que je ressens la difficulté, je pense que tenir m’aide à me renforcer. C’est comme une musculation de l’esprit.
Dans la forêt, se poursuivent cependant des échanges houleux entre les parts de mon mental qui sont toujours en opposition. J’entends les arguments des unes et des autres. Je théorise, j’analyse, je décortique et chemin faisant j’avance physiquement et mentalement. Les jours passent, je poursuis les méditations avec la ferme détermination de rester immobile, la difficulté s’amoindrit enfin jusqu’à la dernière méditation où, entendant le chant, je ne ressens aucune hâte à quitter la posture. Un peu moins fort que le Whaaa extatique du 2ème jour, mais Whaaa quand même.
Cette simple expérience de l’assise immobile est pour moi une pépite! C’est ce que je choisis de retenir de mon expérience Vipassana : Ce qui semble impossible est peut être possible et en faisant preuve de détermination ce qui est difficile devient plus aisé, si et seulement si, on persiste suffisamment longtemps.
Cette phrase est pour vous qui lisez, une théorie de plus, mais pour moi qui l’ai ressenti dans mon corps, c’est une vérité éprouvée. Ce n’est plus une simple hypothèse. C’est une expérience.
Je n’aurais jamais imaginer pouvoir intégrer un tel enseignement, juste en restant assise. On imagine toujours que pour trouver des solutions à des problèmes compliqués, il faut mettre en œuvres des stratégies compliquées !
Il pourrait certainement se dire beaucoup d’autres choses autour de cette expérience, d’autres méditants l’ont traversé avec des sensations et des prises de conscience très différentes des miennes. C’est pour ma part ce que j’en retiens et ce que j’avais envie de partager avec vous. Même si je suis certaine d’avoir vécu une très petite part de ce que la méditation peut offrir.
Il va maintenant vous falloir laisser partir ce récit qui vous a accompagné durant quelques jours. Vous réjouir de ce qu’il vous a apporté sans vous y attacher. Anitcha ! Tout passe !
Peut être vous aura t’il donner l’envie d’expérimenter par vous même ? Si tel est le cas, surtout n’attendez rien, soyez juste ouvert à ce qui va se vivre… L’expérience que j’ai vécu, le sens que j’y ai trouvé correspondent à ce dont j’ai besoin aujourd’hui pour avancer. Ce que vous expérimenterez peut être par vous même correspondra à vos propre besoins…
Si je devais ne transmettre que 4 phrases, ce serait celles çi :
– C’est possible !
– J’ai les ressources !
– Tout passe !
– Quoi qu’il arrive, je reste déterminée !
Tous ces mots, alors que cela aurait pu se résumer ainsi… en 4 phrases.
Mais la joie n’aurait pas été aussi grande !
Merci de votre intérêt et de vos retours.
NAMASTE
