EPISODE 1 : Voyage et arrivée au centre Vipassana
Je vais essayer durant ces quelques épisodes, de vous décrire avec le plus d’authenticité possible cette expérience de 10 jours en silence au centre Dama Mahi pour apprendre la technique de méditation Vipassana enseignée par S.N Goenka.
D’abord le voyage ! et une mystérieuse rencontre…
Dans le train qui me mène à Paris je croise à plusieurs reprises le regard d’une femme, elle semble me regarder, je repère donc clairement son visage. Je suis focus sur les derniers détails à régler avant de plonger dans mes abîmes intérieurs pour 10 jours.
Un message au centre de loisirs, à une ou deux copines qui me souhaitent bon voyage, un post insta qui m’aide à clarifier mon ressenti au moment de ce départ. J’y fais référence à mon accouchement et je comprendrai plus tard à quel point les deux expériences sont assez proches.
Arrivée à Paris, j’enchaîne d’un pas déterminé les escalators bondés et les métros avec une forme d’urgence à m’extraire rapidement de tout cela pour goûter enfin le silence. Sortie du métro porte d’Orléan, ça grouille de tous côtés. Le rendez vous du car est fixé devant une statue que je ne vois pas dans toute cette agitation. Un monsieur me l’indique gentiment. Ça y est ! Dans une heure le car devrait être là et oh joie ! J’entrevois un parc où je vais pouvoir aller manger mon sandwich.
Dans ce parc, je croise de nouveau la femme du train. Étrange. Je quitte le parc pour aller prendre un café avant le grand départ… je profite de ce moment pour déposer dans mon carnet mes impressions avant de ne plus pouvoir écrire puisque selon l’engagement Vipassana, ni écriture, ni lecture ! Méditer méditer méditer rien d’autre qu’un ong face à face avec soi.
Je me dirige en direction de la fameuse statue, et là, parmi les nombreuses personnes qui s’approchent également du car, la femme du train me sourit. Elle me dit alors qu’elle avait l’intuition depuis le premier regard que nous allions au même endroit. Je suis à la fois surprise et heureuse d’avoir quelqu’un à qui parler avant de ne plus pouvoir le faire.
J’observe les personnes qui sont là, tous les âges, tous les styles, différentes origines, je me demandais à quoi pouvaient bien ressembler les personnes prenant ce type de décision. J’ai ma réponse. Ils ressemblent à tout le monde ! Je suis tout de même ahurie par le nombre de jeunes et tout à coup je me sens en retard. A leur âge, j’étais tellement loin de tout cela ! L’idée même m’aurait fait mourir de rire. J’admire la précocité de leur conscience et leur courage.
L’un d’eux traverse tout le groupe pour venir parler au chauffeur. Il y a l’air d’avoir un problème. C’est un jeune homme métis avec un visage très ouvert, des cheveux mi longs ondulés et un abord souriant quoiqu’anxieux. Après avoir passé un appel, le chauffeur lui dit qu’il n’y a pas de soucis, tout pourra lui être fourni sur place. Il explique alors à d’autres jeunes qu’il semble connaître, sa mésaventure. Au moment de quitter l’appartement de sa mère pour venir ici, son petit sac à dos sur les épaules, il claque la porte d’entrée qui se ferme automatiquement, réalisant au même instant que sa valise est restée à l’intérieur de l’appartement. Il arrive donc au moment du départ sans valise !
Je l’observe, il a l’air heureux qu’une solution ait été trouvée. Il ne va pas rater son stage. Il paraît ok avec la situation. Encore une fois, je m’imagine à son âge… Aurais-je eu cette capacité d’acceptation ? J’en doute fort ! Je me dis que nous avons vraiment tous des chemins et un rythme différents ! Et je souris intérieurement en pensant à la chance qu’ il a d’avoir oublié cette valise !!! Quelle chance de pouvoir vivre si jeune cette expérience de détachement du matériel, qui plus est, dans ce contexte de méditation. Je suis heureuse pour lui, c’est certainement ce qu’il devait expérimenter pour prendre conscience que l’essentiel n’est pas là.
Avec Valérie, nous nous mettons l’une à côté de l’autre dans le car et échangeons durant tout le trajet sur nos vies, notre quête à travers cette démarche, nos craintes aussi. Le voyage passe vite. A l’approche du centre le soleil s’intensifie éclairant une nature magnifique avec ses belles couleurs d’automne. Cela me réjouis et apaise mes craintes.
A l’arrivée au centre, tout est parfaitement organisé. Les hommes partent vers leur côté du bâtiment, les femmes vers la leur. Nous remplissons les fiches d’inscriptions. Déposons tout le matériel interdit durant le stage : livres, carnet, stylo, téléphone et objets de valeur. Nous recevons un numéro qui nous indiquera notre place à table, notre place dans le dortoir. Comme pour poursuivre avec les mystères de la vie, j’ai le numéro B18 et Valérie à le numéro B17. Nous mangerons donc et dormirons côte à côte durant tout le stage ! Décidément… Après nous être installées dans le petit espace qui nous est attribué, entre deux planches de bois est un rideau qui préserve notre intimité, nous retrouvons le réfectoire. Très vite un petit groupe se forme et les échanges et les rires vont bon train, on sait toutes que cela ne va pas durer, alors nous profitons. Il règne dans ce réfectoire qui sera ensuite parfaitement silencieux un vacarme joyeux, une ambiance de colonie de vacances !
Un petit briefing s’organise, chacune doit alors rejoindre la place correspondant à son numéro, nous rencontrons ainsi Nathalie qui partagera notre table. Le courant passe immédiatement, et déjà je ressens de la frustration à l’idée qu’on ne va pouvoir se parler que très brièvement. Il est 17h nous nous régalons d’une soupe avec du pain suite à quoi débutera officiellement la première méditation et avec elle le début du silence.
