ÉPISODE 5 : la ferme détermination
Aujourd’hui, la pratique va prendre un dimension nouvelle avec Adhitthana, la ferme détermination.
Après 4 jours passés a répondre aux exigences du mental qui refuse l’inconfort et cherche des solutions en changeant de posture régulièrement, Adhitthana, va réclamer l’immobilité totale durant toute la durée de la méditation.
Je reçois cette nouvelle consigne avec un bon niveau de stress ! Mon mental me brandit immédiatement « Ahimsa, la non violence » au nom de laquelle, je devrais refuser ! Je le regarde avec condescendance « toi, le dégonflé ! Ferme la !!! » il abdique, sentant bien que je ne suis pas réceptive.
Je décide donc de relever le défi, bien que convaincue d’un échec inéluctable, si je m’en réfère à ce que je vis depuis ces 4 jours durant lesquels, pas une seule fois, à l’exception de ma parenthèse extatique je n’ai cessé de bouger .
Mode expérience activé, tout soutien naturel ou surnaturel est le bienvenu. Je m’assoie aussi confortablement que possible, tout en sachant bien que ça va passer et qu’il faudra bien, tôt ou tard, faire face à l’inconfort. Je suis prête et déterminée.
Cette méditation immobile me place face à un inconfort très intense proche de la douleur mais pas tellement plus important que celui auquel je faisais face en changeant de position. Cette prise de conscience est troublante. Je réalise que chaque tentative pour retrouver du confort en passant dans une autre posture, amenait un soulagement très éphémère d’environs 20 secondes, suite à quoi j’étais déjà en quête d’autre chose. Ce constat me ramène à la « fièvre acheteuse » maladie au combien répandue dans notre société de travailleurs-consommateurs, qui participe de la même logique. J’achète un nouvel objet pensant qu’il va m’apporter plus de joie et très rapidement sa magie s’estompe et il m’en faut déjà un autre… ça vous parle ?
Bref, bien déterminée à ne pas bouger, toute mon énergie est alors utilisée à supporter l’inconfort.
J’observe un double mouvement en moi même qui fait mine d’accepter mais qui résiste toujours en réalité, mon mental est toujours là tapie à me dire que si je bougeais ne serait-ce qu’un orteil ça me ferait déjà tellement de bien et que c’est dangereux de rester ainsi, si ça se trouve, ça va créer une tension qui me fera mal longtemps. Je suis à deux doigts de céder à la tentation quand le chant retentit enfin ! J’aime vraiment ce chant pour la première fois.
Ce que je pensais impossible s’est produit, j’ai passé 1h dans une parfaite immobilité. J’en suis stupéfaite. Comme quoi, on eut parfois se réjouir de très peu de choses !!!
Dès lors que je quitte la posture, plus aucune douleur. Toutes les peurs énoncées par mon mental paniqué durant la méditation sont alors invalidées en quelques secondes. Moi qui pensait sortir de là avec des douleurs terribles relatives au fait d’avoir malmener mon corps dans une injonction contre nature. Il n’en est rien. Encore une fois, je fais face à mes croyances erronées.
Une phrase que j’ai lu me reviens en mémoire « il ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ». Combien de fois ai je renoncé à vivre une expérience seulement parce que je croyais cela impossible ? Qu’est ce que je m’empêche de vivre aujourd’hui, simplement parce que ma projection mentale s’accompagne de « ce n’est pas possible » « c’est dangereux » « tu n’y arriveras pas »
