Mon approche du Satsang
Satsang, signifie se réunir autour de la vérité, mais cela peut s’interpréter de deux façons différentes.
La première évoque la réunion de personnes poursuivant une quête commune et qui se rassemblent pour chercher ensemble, se questionner, construire, déconstruire… partager leurs expériences, leurs incompréhensions, parler de leurs chemins et des découvertes réalisées sur ce chemin. Le Satsang est alors l’opportunité de s’accorder un temps pour se nourrir de l’expérience des autres et offrir sa propre expérience au groupe, pour cheminer ensemble.
La seconde évoque la réunion de personnes autour d’une personne supposée détenir « la vérité » et qui la délivre à d’autres supposés l’ ignorer.
J’avoue que la seconde posture me parle moins car j’estime que nul n’est totalement ignorant, ni détenteur d’une vérité absolue. A mon sens, la dérive sectaire, le risque d’emprise, de manipulation est grand lorsqu’on considère les choses de cette façon. Il est donc essentiel pour moi que chacun puisse occuper sa place dans ce questionnement autour de la vérité, et ne pas me donner toute la place.
La question du sens de l’existence, la compréhension du monde et en particulier du fonctionnement humain est au centre de ma vie. Ce questionnement m’habite depuis l’enfance et guide la plupart de mes choix. Je n’ai jamais d’aussi grande joie que lorsque je pense toucher du doigt une forme de vérité ou que je mets en lumière quelque chose qui m’était inconnu dans mon fonctionnement. J’aime par dessus tout partager cela, tout comme un ornithologue passionné, prend certainement un plaisir immense à parler des oiseaux qu’il observe et de ce qu’il en comprend.
Il va s’en dire, puisque je dirige mon énergie et mon attention vers ce but depuis de très longues années, que j’ai des choses à partager sur le sujet. Pour autant et c’est important pour moi de l’affirmer clairement, je ne détiens pas « la vérité », je suis même de part mes questionnements, arrivée au jour d’aujourd’hui, à la conviction qu’elle n’existait pas et qu’avoir l’impression de la détenir était le signe manifeste de s’en éloigner.
Ce que je partage lors des Satsang, est simplement un ensemble de croyances auxquelles j’ai choisis d’adhérer et qui m’aident à vivre. Elles m’ont été inspirées par mes rencontres, mes formations, ma pratique du yoga, mes expériences de vie… Ce choix de croyances est vivant, mouvant, il évolue à chaque nouvelle expérience et grandit dans la confrontation à d’autres systèmes de croyances qui lui permettent de se modifier pour améliorer sa cohérence .
Ne pas s’installer dans le confort illusoire des certitudes est pour moi un essentiel. Rechercher toujours l’inconfort d’une exploration qui peut à chaque instant tout remettre en question. C’est cela, selon moi, cheminer vers plus de conscience. Le Satsang est dans ce cadre un exercice d’équilibre car les questions posées peuvent à tout moment pointer un élément qui n’a pas encore été éclairé et qui peut rendre le système caduque.
C’est à cela que j’aspire, cette confrontation créatrice qui oblige à aller plus loin, à ne pas rester en surface, à ne pas se satisfaire des petits arrangements passés avec soi même pour être tranquille, accepter que d’autres viennent bousculer les certitudes que mon mental voudrait ériger.
J’ai mis en lumière durant cette première expérience de Satsang ,mon besoin de réciprocité dans l’échange. J’estime que les personnes qui participent à un Satsang, sont des personnes qui cherchent et se questionnent et qui ont donc de quoi contribuer à la réflexion commune. S’il n’y a pas d’échange mais l’attente d’un monologue de ma part, cela va à l’encontre du mouvement de la vie: c’est comme expirer sans jamais se laisser inspirer.
J’ai moi même assisté à de nombreux Satsang où un maître déroule le fil de sa pensée et ses élèves l’écoutent docilement. Même si celà peut être intéressant par certains aspects, ce n’est pas ce que j’aspire à vivre et ce n’est pas ce que je souhaite proposer. Il est important pour moi que cette question soit sans ambiguïté, afin que les personnes qui feront le choix de participer au prochain Satsang s’attendent à s’engager activement dans le cheminement, en occupant la place qui est la leur.